Il existe des réglementations sur la production de récipients alimentaires, de revêtements de tissus, de produits électroniques et de jouets. Les restrictions sont un peu moins nombreuses en ce qui concerne les jouets sexuels, c’est-à-dire tous ces bibelots que l’on utilise seul ou à deux pour atteindre un orgasme ou s’amuser lors d’une séance d’exercice dans la chambre à coucher. Malgré cela, les achats ont connu un boom ces dernières années surtout chez les jeunes avec un chiffre d’affaires de 18,6 milliards d’euros par an. Mais combien de personnes sont réellement conscientes des risques liés à leur utilisation ?
1 – Risque du phtalate
L’un des principaux risques sanitaires liés à l’utilisation des sextoys est la présence de phtalates. Il s’agit d’une famille de composés obtenus en faisant réagir le dioxyde de carbone avec certains alcools. Ils sont utilisés comme agents plastifiants et sont ajoutés au polymère de base afin d’améliorer la flexibilité et la moulabilité. Ainsi, plus le jouet est mou et facilement modelable, plus il est susceptible d’être riche en phtalates. Il est important de souligner qu’il ne s’agit en aucun cas de nouveaux produit, car les objets contenant des phtalates existent depuis 1920.
2 – Ce qui est à risque
L’utilisation de jouets sexuels ou sextoys une seule fois par an ne présente probablement aucun risque pour la santé, mais leur utilisation fréquente pourrait, au contraire, entraîner divers effets. Il est connu qu’ils interagissent négativement dans la reproduction sexuelle et contribuent à l’apparition du syndrome de dysgénésie testiculaire. Mais ce n’est pas tout : les phtalates qu’ils contiennent peuvent entraîner une diminution du nombre de spermatozoïdes, et même de graves malformations congénitales s’ils sont utilisés avant ou pendant la grossesse.
3 – Danger pour les hommes et les femmes
Les phtalates peuvent réduire les niveaux de testostérone, surtout s’ils sont utilisés pendant la période de développement. Une situation similaire se produit chez les femmes, qui peuvent connaître une puberté prématurée tout en supprimant la production d’œstradiol et en provoquant l’infertilité.
4 – Tout les sextoys ne sont pas toxiques
Il est important de noter que tous les jouets sexuels ne sont pas toxiques ou ne contiennent pas de phtalates. En fait, une récente étude suédoise a pu montrer que les substances chimiques dangereuses, généralement présentes dans ces produits sont en nette diminution. Il est positif que la plupart des produits aient passé l’inspection sans plainte, même si les jouets sexuels peuvent contenir des produits chimiques nocifs. Notre enquête indique que les entreprises d’autres secteurs peuvent s’inspirer du travail des entreprises de jouets sexuels sur les questions chimiques, déclare Frida Ramström, inspectrice à l’Agence suédoise des produits chimiques. Il est donc également important de lire les étiquettes (s’il y en a) pour comprendre ce que nous avons sur les mains. “Les entreprises ont la responsabilité de s’assurer que les jouets sexuels ne contiennent pas de substances interdites. Nous avons trouvé des substances réglementées dans certains jouets sexuels fabriqués en plastique PVC souple [appartenant au groupe des phtalates, nda]. Les entreprises qui vendent des produits fabriqués à partir de ce matériau doivent être particulièrement prudentes et imposer certaines exigences en raison de leur contenu chimique”, déclare Frida Ramström.
5 – Ce que GreenPeace a appris
Malgré les bonnes nouvelles des chercheurs suédois, Greenpeace Pays-Bas a découvert, après une enquête sur les vibrateurs les plus courants, que sept sur huit contenaient des phtalates. Et nous ne parlons pas de petites quantités : nous parlons d’un minimum de 24 % et jusqu’à plus de 50 %. C’est un chiffre très élevé si l’on considère que les jouets pour enfants, par exemple, contiennent une concentration maximale de 0,1 %. Quiconque dépasse cette limite s’expose à une amende pouvant aller jusqu’à 150 000 euros. Mais seulement si les jouets sont destinés aux enfants, car les jouets pour adultes ne sont pas soumis à des contrôles.
6 – Quelques conseils pour savoir si un sextoy est toxique
Évidemment, nous ne proposons pas une méthode sûre, car la seule possible serait d’apporter un objet dans un laboratoire et de procéder à toutes les analyses nécessaires. Cependant, selon certaines théories, la présence de phtalates et d’autres produits chimiques nocifs peut être détectée par l’odeur. C’est vrai : en sentant le jouet, on peut savoir de quoi il est fait. S’il développe une odeur semblable à celle d’un chewing-gum, d’un rideau de douche ou de produits chimiques, il est probable qu’il soit riche en phtalates. Il est également plus probable que le jouet devienne collant avec le temps, surtout s’il a été soumis à des lubrifiants ou à de la graisse pendant une longue période. Les phtalates ont tendance à être solubles dans les lipides.
7 – Pas encore de réglementation sur la fabrication des sextoys
Il est indiqué sur différents sites web que les jouets sexuels ne sont pas réglementés : il n’existe actuellement aucune réglementation en matière de sécurité dans l’industrie des jouets sexuels. Les fabricants ne sont donc pas responsables des conséquences négatives de toute utilisation “involontaire” de leurs produits. Cela signifie également que les fabricants ne sont pas obligés de signaler les substances chimiques présentes dans les matériaux utilisés dans un produit à un organisme de réglementation supérieur et qu’ils pourraient les signaler de manière inappropriée sur leur emballage sans conséquence.